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Comment le confinement a changé notre usage du numérique dans les structures culturelles ?

Musées et numérique : le Covid oui, et après ?

Résumons rapidement cette fameuse année 2020 : Covid, épidémie mondiale, confinement. Conséquence : les musées ferment pour la première fois de leur histoire. Mais que faire quand le public ne peut plus venir ? Comment garantir sa survie en ces temps de crise ? La solution : le numérique. Boudé jusque-là, il est devenu l’outil miracle pour garder le contact avec le public.

Et l’on peut dire que ce fut une réussite : de nombreux outils innovants et créatifs ont été mis en place. Mais maintenant que la fréquentation est revenue, quid de cette « ère du numérique » dans les musées, promise post-confinement ?


La Petite Galerie, Musée du Louvre, 2020 © louvre.fr


Un accès à l’Art facilité

Lorsque l’on pense au numérique dans les musées pendant le confinement, on pense derechef aux visites virtuelles. Outil déjà bien connu de ces structures, il a connu son âge d’or pendant cette période. De l’interface de Google Street View qui permet de visiter les musées du monde entier, en passant par des visites faites sur mesure, comme celle du Louvre pour faire découvrir La Petite Galerie, le public n’avait que l’embarras du choix. Le Ministère de la Culture a d’ailleurs créé la plateforme « Culture chez nous », permettant aux internautes d’y trouver toutes les initiatives en ligne mises en place par le ministère et ses opérateurs.


Cette période si particulière a permis quelques résultats bénéfiques, dont l’inventaire, le récolement et la numérisation des œuvres, un travail considérable qui n’est pas toujours évident à mettre en place en temps d’ouverture. Mais certains musées ont fait le choix de ne pas faire de visites virtuelles : les œuvres ont donc plutôt fait l’objet d’une cartographie pour enrichir les visites in situ. Et il est vrai que cette mise à disposition de contenu annexe dans les expositions (sur des tablettes par exemple) est très démocratisée aujourd’hui !


Une place à l’interactivité avec le public

Le public aussi a dû s’occuper : de nombreuses études ont montré que les pratiques culturelles amateurs ont fortement augmenté lors du confinement. C’est ainsi qu’est née l’initiative du Getty Museum (Los Angeles), invitant les internautes à reproduire des tableaux de leur collection avec des objets du quotidien. Une idée ludique et maligne pour faire découvrir les collections hors période d’ouverture, et pourquoi pas inciter à la curiosité pour venir les voir par soi-même !


Me and My Parrot - Frida Kahlo © Alana Archer


D’autres musées ont même expérimenté via le jeu vidéo, un medium encore inexploré jusqu’alors. Le médiateur Léo Tessier du Muséum des Sciences Naturelles d’Angers a exploité le musée présent dans le jeu Animal Crossing: New Horizons pour faire découvrir des espèces ! Une véritable visite virtuelle mais cette fois-ci interactive, car les internautes pouvaient venir directement dans le jeu ou interagir avec le médiateur en live.


Visite de Léo Tessier, représenté au centre par son avatar, coiffé d’un chapeau de cow-boy et équipé de jumelles. Muséum d'Angers / Nintendo © Ouest France


De nouveaux outils et de nouveaux publics

Et ces initiatives ont trouvé leur public : à la suite de l’étude réalisée par Anna Jonchéry et Léa Garcia, on constate une pratique extrêmement renforcée chez les personnes âgées de plus de 60 ans (+ 12 points par rapport à 2018), peu habituée aux outils numériques mais qui ont sûrement vu en ces derniers une compensation pendant la fermeture.

Une augmentation sensiblement similaire a été observée chez les ouvriers, particulièrement chez les familles et les scolaires, le numérique devenant une ressource intéressante pour « l’école à la maison ».


Et après ?

Puis est venu le déconfinement et le retour des publics dans les musées. Cela a-t-il entraîné un abandon de toutes ces belles initiatives ?

Oui… et non. D’un côté, on remarque que quatre ans plus tard, de nombreux musées revoient leur copie concernant le numérique : alors qu’auparavant c’était un outil qui était délaissé au profit du contact direct avec le public, nous ne pouvons nier qu’il est aujourd’hui omniprésent. Mais de l’autre, l’usage du numérique dans les musées, hors communication, a entraîné plusieurs problématiques.


D’abord, il n’est pas la solution miracle à l’éternelle problématique des publics empêchés. En effet, l’accès à internet n’est toujours pas évident pour l’entièreté de la population : selon une enquête réalisée par l’INSEE en 2021, 15% des français sont concernés par « l’illectronisme ».

Mais surtout, pour mettre en place des outils numériques performants, il faut du temps, de l’argent et des compétences. Pour déployer ce nouveau type de médiation de façon régulière, les structures ont des budgets, et surtout des équipes allouées. Mais de nombreux musées ont mis la priorité sur l’accès du public, avec des propositions hybrides, plutôt axées hors les murs. Et malgré des compétences révélées pendant la crise, ces dernières doivent être professionnalisées et pérennisées. De plus, on sait que le numérique et Internet changent de tendance régulièrement : l’Intelligence Artificielle qui se développe en ce moment à vitesse grand V en est un très bon exemple.

Une sorte de concurrence peut donc se mettre en place entre des musées de différentes tailles, face à un public de plus en plus habitué à rencontrer des outils numériques perfectionnés avec les années.


C’est un fait. Aujourd’hui, les outils numériques sont extrêmement présents dans les musées, que ce soit in situ ou hors les murs. Et ceci, c’est aussi un peu grâce au Covid qui leur a laissé une chance. Mais pour qu’ils soit réellement démocratisés, l’éternelle question des moyens consacrés demeure.

 

Sources 

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